Accepter une mission non-payée : oui ou non ?
Chers amis copywriters, collègues entrepreneurs indépendants, revenons ensemble sur ce tabou du milieu des indépendants : le travail gratuit, la mission gratuite.

Devez-vous accepter de travailler gratuit, alors que nous travaillons tous pour gagner notre vie ?

Est-ce que le fait d’accepter une mission non-payée fait de vous une mauvaise personne, un indépendant qui va dans le mur et ne sait pas gérer sa société ?

Je vous dis dans quelles conditions envisager de prendre une mission non-payée.

Je m’adresse principalement aux copywriters ici, mais pour cet article sur le travail gratuit, je pense aussi aux amis graphistes, aux amis monteurs vidéo, réalisateurs, aux développeurs, aux traducteurs, aux photographes.

A tous les freelances qui ont fait ce choix parfois compliqué de se mettre à leur compte, sans certitude de revenus.

A tous ceux qui ont quitté un job salarié confortable mais où ils s’ennuyaient pour leur job-passion, bien plus risqué en termes de rentrées financières.

Le déclencheur de cet article sur le travail gratuit

C’est un mini-scandale, mais les graphistes, les photographes y sont malheureusement habitués : on leur propose de travailler gratuitement, en leur disant « ça vous donnera de la visibilité ».

Sauf que, ma bonne dame, la visibilité, ça paie pas le loyer.

L’histoire est publique, disponible ici sur L’Equipe. C’est l’histoire de la graphiste Caroline Blanchet.

Je vous résume l’histoire : elle a fait de superbes visuels pour la NBA, et un jour les Chicago Bulls reprennent ses visuels et lui expliquent qu’ils n’ont pas de budget pour elle.

Certains visuels ont été utilisés pour mettre en avant la série documentaire The last dance.

Pas de budget, mais c’est les Bulls, c’est la NBA :

« Ils m’ont tout de suite informée qu’ils n’avaient pas de budget pour ça, qu’il n’y aurait pas de contrepartie financière. Mais c’était difficile de dire non »

En ligne, les réactions sont partagées. Travailler gratuitement ? Accepter d’être payé uniquement « en visibilité » ?

Certains de mes contacts s’insurgent (la plupart d’entre eux).

De mon côté, j’aurais tendance à être team Caroline sur ce coup-là, j’aurais accepté cette mission non-payée, je vous explique pourquoi.

Les 5 bonnes raisons de ne pas facturer une mission

Raison 1 : vous êtes débutant et vous êtes mort de faim

C’est l’occasion ou jamais de mettre un pied dans la porte, d’accéder à un nouveau milieu.

En 2007, quand j’ai proposé mon premier texte au blog masculin ra7or, j’avais juste envie d’écrire avec eux.

Je voulais être pote avec eux. C’était un blog de 5 jeunes mecs de 22-25 ans, qui bossaient dans la publicité, dans la communication.

Je les trouvais cool et j’étais l’inverse d’eux : je travaillais dans l’industrie lourde, j’étais acheteur de plastique comme me le disait ma petite amie de l’époque.

Je débutais, je voulais entrer dans le « monde du blogging », je voulais voir mon nom en ligne, et je voulais participer à cette aventure humaine que ces types étaient en train de construire.

J’écrivais parfois de minuit à 3 heures du matin, et j’ai été le plus ravi des blogueurs quand Adrien a publié mon premier texte.

En tant que débutant, c’était une fierté.

Raison 2 : Acceptez une mission non-payée pour bâtir votre portfolio

Pour les graphistes, on veut voir le portfolio avant de les embaucher.

Quand je travaille avec un réalisateur, un monteur vidéo, je veux voir ce qu’il a fait auparavant.
Pour bâtir votre crédibilité, il va falloir trouver des clients.

Plus vous aurez eu de clients, plus vous serez crédible.

Je préfère travailler avec un réalisateur qui aura de multiples vidéos à me montrer, plutôt qu’avec un freelance qui sort de la plus grande école mais n’a rien fait, n’a aucune preuve.

N’oubliez pas que nous devons rassurer nos clients, leur montrer que nous savons faire, et que nous avons déjà fait, pour les rassurer avant de les faire signer.

« Je ne crois que ce que je vois »… Alors montrez l’étendue de vos talents à vos prospects !

Raison 3 : Le travail gratuit contre de bonnes notes, contre des recommandations

Autre levier de croissance potentiel, qui permet de rassurer vos prospects : les recommandations de vos clients précédents.

Je dois admettre qu’au tout début de ma carrière de copywriter en 2012, j’ai accepté des missions payées seulement 50% parce que j’avais besoin mentalement de fédérer une communauté de clients satisfaits.

J’avais besoin de recueillir des commentaires positifs de la part de mes clients, parce que les témoignages clients font partie des meilleurs arguments de vente pour rassurer vos prospects.

C’est parce que j’ai un peu baissé les prix au début que je peux aujourd’hui afficher dans mes pages de vente les 33 commentaires clients que j’ai collectés.

Je les garde ici sur la page Google, ici sur la page témoignages.

Quand je le peux, je demande à mes clients de dupliquer le commentaire sur Linkedin.

Pour les freelances, généralement, ça se passe sur Malt (où j’ai mon profil de copywriter freelance, mais jamais aucun client n’est venu par ce canal pour le moment).

Si j’étais votre coach business, je vous dirais probablement d’accepter de travailler gratuitement en échange de feedback détaillé et de commentaires en ligne.

A défaut d’être gagnant sur le plan financier, au lieu de collecter les euros, accumulez les 5 étoiles pour un temps !

Raison 4 : Ne rien facturer au client prestigieux qui joue au crevard

De la part des Chicago Bulls, on peut dire que ce n’est pas cool, que c’est de l’exploitation de graphiste.

C’est vrai. Ils ont les moyens de la payer pour son travail.

Mais ils ont aussi un réel argument à avancer : « avec nous, vous gagnez en crédibilité, et vous gagnez une exposition mondiale ».

Caroline Blanchet pourra désormais, pour toute sa vie, mettre en avant cette expérience avec la NBA et les Chicago Bulls.

Sa crédibilité artistique et créative est acquise.

Il est vrai que ça ne paie pas son loyer. Mais pour l’exposition médiatique reçue, j’aurais fait comme elle, j’aurais accepté cette mission non-payée.

En termes de preuve sociale, elle bénéficiera toute sa vie de l’aura des Bulls.

C’est comme si demain, Nike, Adidas, Google, Charvet ou Red Bull venaient me trouver pour me dire « On aime bien ce que tu écris. On aimerait bien que tu t’occupes des textes pour notre nouvelle campagne. Mais on n’a pas de budget pour ça. »

Evidemment, ils se moquent de moi, ils ont le budget.

Mais j’accepterais de travailler gratuitement pour eux pour une mission de courte durée pour le prestige de la marque, pour la preuve sociale.

Raison 5 : Rester actif, voir d’autres problématiques, renforcer votre expertise

Dans le business, il y a des cycles.

Certains sont des cycles de plénitude, de croissance, et d’autres de ralentissement.

Si votre trésorerie vous le permet, je pense que parfois, il peut être OK de travailler gratuitement simplement pour rester actif, pour rester sur le terrain, pour garder la main.

Cela vous permettrait de renforcer votre expertise, de voir d’autres domaines, et de pouvoir facturer encore plus par la suite.

Ce n’est évidemment pas une situation souhaitable…

Et si un client payant vous propose de ne plus vous payer, mais de vous garder, parce qu’il n’a plus les moyens pour le moment, je comprends que la situation soit délicate à gérer.

La solution serait probablement dans ce cas de négocier un variable, en fonction du CA de votre client.

Il y a donc des arguments valables pour accepter une mission non-payée, mais les arguments du camp adverse sont plus que recevables.

Pourquoi vous ne devez jamais accepter de travailler gratuitement

En en discutant avec mes amis indépendants, nous avons rassemblé ces 3 arguments principaux contre le travail gratuit.

#1 : Travaillez pour l’argent, pas pour la visibilité

La plupart des indépendants qui réussissent vous le disent : « pas de sentiment dans le business. On est là pour gagner de l’argent, pas pour se faire exploiter. »

Un de mes coachs en business me le disait en ces termes : « si tu travailles gratuitement, ce n’est pas ton travail, c’est un hobby. Le travail, c’est quand tu fais signer et payer des clients. Et de toi à moi, je sais que tu préférerais écrire un roman ou écrire ton film plutôt que de corriger les pages de vente de tes clients, non ? Donc pas de travail gratuit ! Gratuit, c’est ce que tu fais sur ton temps de loisir. »

Un autre ami, photographe indépendant outré par l’attitude des Bulls, m’a écrit ça : « C’est des enc**és ! C’est à cause d’entreprises comme eux que nous autres, freelances, ramons au quotidien. On est déjà très précaires : si on bosse gratuit, si on accepte ça, c’est fini, on étouffe… »

#2 : Attention au cercle vicieux de la gratuité

Tout travaille mérite salaire. Même le plus bas. Mais il y a une question de reconnaissance dans l’envoi du chèque, dans le virement bancaire.

Peut-être que le montant est faible, mais il a le mérite d’exister.

C’est important pour vous, freelance, de vous dire dans le miroir que vous valez quelque chose. Que votre travail vaut quelque chose.

Et malheureusement, accepter des missions gratuites ne vous aidera pas à prendre confiance en vous.

Vous risquez de vous dévaloriser, de vous dire que vous ne valez rien, que votre travail n’est pas bon au point de recevoir une contrepartie financière.

C’est généralement cet argument qui est mis en avant par tous les coachs en business : l’aspect mental, le facteur psychologique joue énormément.

Un copywriter freelance, un photographe, un graphiste qui connaît sa valeur n’hésitera pas à refuser poliment une offre trop basse ou à décliner une mission gratuite.

A l’inverse, un indépendant qui se brade constamment ou travaille gratuitement finira par ne plus pouvoir se vendre, tant la valeur perçue sera faible.

Récemment, des entrepreneurs web avec une bonne notoriété m’ont consulté pour écrire pour eux des vidéos de vente.

Le prix qu’ils me proposaient était 4 fois inférieur à mes tarifs. J’ai évidemment refusé.

Aujourd’hui, j’ai suffisamment de crédibilité pour refuser des missions que j’estime pas assez payées.

Il y a quelques années, l’état de mon compte en banque ne m’aurait peut-être pas permis de penser ainsi.

Et puis ces gars-là n’étaient pas les Bulls 😊

#3 Ça va se savoir !

Le monde est si petit… La communauté des freelances pas bien grande non plus

Si vous commencez à faire une fleur à un client, il va parler.

Et très vite, les prospects suivants refuseront de payer le vrai tarif, parce qu’eux aussi voudront négocier de bonnes conditions commerciales.

Si vous travaillez gratuitement pour un client, il y a de fortes chances que les clients qu’il vous envoie veuillent eux aussi bénéficier de votre grandeur d’âme…

Donc si jamais vous étiez obligé de travailler gratuitement, demandez bien à votre client de ne pas le répéter.

Sites-lui bien que c’est juste pour lui, parce qu’il est unique, parce que la mission est géniale, mais que ça ne doit jamais se savoir.

Une fois qu’un client se dit que votre travail ne vaut rien, que les autres se passent les mots, vous ne tarderez pas à vous dire que votre travail ne vaut rien.

Conclusion sur le travail gratuit et les missions payées en visibilité

Je pense qu’il y a un temps pour tout.

Jack Ma donnait ces conseils business, en fonction de l’âge.

Si vous êtes encore jeune et que vos parents assurent le gîte et le couvert, vous pouvez accepter ces stages mal payés où vous allez apprendre quelque chose et accumuler de l’expérience.

Si le client est énorme, il serait dommage de rater cette opportunité de preuve sociale.

Si en revanche le temps presse, que votre compte en banque crie famine : dans ce cas, ne vous concentrez que sur les meilleurs moyens de signer de vrais clients.

Si vous voulez renforcer votre crédibilité et votre valeur perçue aux yeux des prospects, utilisez les meilleures techniques de copywriting !

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Sélim, copywriter pas gratuit since 2012