Dans la liste des copywriters et des publicitaires que j’ai envie de rencontrer, un grand nombre sont morts. C’est gênant.

Le pape de la propagande des années 1930 (Edward Bernays) n’est plus. Les Dir’com nazis qui trouvèrent les mots pour secouer l’Europe ne sont évidemment plus là, et Churchill, virtuose des mots, non plus.

Heureusement, l’incoulable Jacques Séguéla est toujours là pour distiller ses leçons de communication et de publicité. Et j’ai eu la chance de l’interviewer pour parler de publicité… mais d’écologie surtout !

Qui interviewer parmi les plus grands créatifs au monde ? Les grands publicitaires américains ?

De l’ère des Mad Men des années 1960, celle des Ogilvy, des Bernbach, il ne reste plus que Della Femina, encore en vie (84 ans en 2020). Et encore : il est aujourd’hui plus restaurateur que publicitaire (je vous recommande évidemment la lecture de son livre qui a inspiré la série Mad Men).

Côté français ? Un seul nom me vient à l’esprit si on parle de publicité : Jacques Séguéla, le patron de RSCG, absorbé par Havas en 1996.

Bien sûr, il y a eu Marcel Bleustein-Blanchet.

Bien sûr, ça me faisait toujours plaisir de voir Maurice Levy (patron de Publicis de 1987 à 2017) faire sa promenade de début d’après-midi, à côté de nos bureaux des Champs Elysées.

Plus récemment, Ardisson et Beigbeder (99 francs) se sont illustrés après des carrières de publicitaire.

Néanmoins, s’il ne devait en rester qu’un dans le dictionnaire à l’entrée « publicitaire français », ce serait Jacques Séguéla. 86 ans en 2020, et en pleine forme, comme vous allez pouvoir le voir dans l’interview que j’ai réalisée.

Mais qui est Jacques Séguéla ?

Jacques Séguéla est le roi de la publicité française : il a donc logiquement un site internet génial à son nom. http://www.jacques-seguela.com/

Vous y retrouvez les plus grandes campagnes de celui qui a fait élire Mitterrand en 1981, et a tant fait pour Citroën, Woolite, Carte Noire, Décathlon, Louis Vuitton et Evian.

En 1988, le slogan « Génération Mitterrand », c’est lui (OK, c’est un peu emprunté à « Generation Pepsi », mais entre un homme politique et une marque, il n’y a pas de différence, on le sait bien).

Malgré une sortie qui restera célèbre : « Comment peut-on reprocher à un président d’avoir une Rolex. Enfin… tout le monde a une Rolex. Si à cinquante ans, on n’a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie ! » Séguéla est un communicant hors-pair.

Saviez-vous qu’il avait fait des études de pharmacie ? Saviez-vous qu’il avait fait le tour du monde avant d’être formé à l’art du titre par Pierre Lazareff chez France-soir ? Il devient rédacteur en chef de France-Soir en 3 ans.

Au début des années 1960, après avoir déjà publié un premier livre La Terre en rond, il se lance dans la publicité, secteur relativement vierge en France.

Ses deux best-sellers Ne dites pas à ma mère que je suis publicitaire… elle me croit pianiste dans un bordel (1979) et sa « suite », Hollywood lave plus blanc (1982) sont toujours des ouvrages de référence pour les copywriters.

Certaines formules font encore mouche et, malgré l’apparition du digital, les principes de la publicité qui fait vendre sont déjà là.

L’écologie avait-elle besoin d’un bon porte-parole ?

jacques-séguéla-écolo

Aujourd’hui, en 2020, Jacques Séguéla revient avec son 33ème livre. Mais cette fois, la couverture et le propos sont verts : Ne dites pas à mes filles que je suis devenu écolo, elles me croient publicitaire.

Une manière de boucler la boucle, et de faire son mea culpa sur les méfaits de la surconsommation ? Une manière de délivrer un message écolo positif et optimiste, à des années lumières des collapsologues anxiogènes ? Peut-être.

Mais surtout l’occasion pour moi de parler d’écologie avec Jacques Séguéla, et d’apprendre un truc vraiment fou sur son process de relecture.

Découvrez l’interview de Jacques Séguéla ci-dessous !

Ne dites pas à mes filles que je suis devenu écolo, elles me croient publicitaire
Coup de coeur Editions, 222 pages